Mon prof est une vidéo

Parlons d’une forme particulière de vidéo qui emmerge depuis quelques années dans le monde de la communication, grace à la progression des outils d’animation et à l’évolution des rendus visuels : la vidéo explicative. 

En bonne descendante de la vidéo pédagogique, que l’on connait par sa fréquente utilisation dans les musées ou dans les salles de classe, elle en préserve le principe narratif, agrémenté d’une illustration synchrone, mais elle s’en démarque par une différenciation des messages qu’elle peut transmettre.

La vidéo explicative peut donc être certe pédagogique, mais aussi informative, descriptive, préventive, prédictive, ..
Ces « nouveaux attributs » permettront à tout organisme privé ou public de faire part d’une information précise à un public ciblé, de se présenter, de décrire une activité qu’elle a ou qu’elle s’apprète à mener, bref de communiquer.
Elle constitue une alternative solide aux vidéos faisant appel à des images du réel, de la captation, car en plus de nécessiter beaucoup moins de mobilisation (elle peut être réalisée entièrement sur un ordinateur, à l’instard de Moby connu pour avoir réalisé son premier album tout seul dans sa chambre sur son IBM), le message y est souvent délivré plus efficacement.
La recette magique

Une des premières vidéos explicatives que j’ai pu regarder remonte à mon enfance, lorsqu’étaient diffusés Les Shadocks. Il était alors question du quotidien de petits personnages imaginaires mis face à des situations qui les rapprochaient de celles que nous rencontrons nous même au quotidien. Une voix off commentait alors la façon dont ces personnages agissaient. Y était greffé également une dose d’humour. On oscillait alors entre un contenu « pédagogique » et un contenu « humouristique » destiné de fait à plusieurs publics.

La combinaison habile de plusieurs ingrédients parmis un rendu visuel séduisant, une dynamique ajustée, un ton approprié, … permettent de garder le spectateur en haleine, de capturer son attention pour une poignée de secondes. C’est un peu l’exploitation de la puissance de l’image aliée à celle du divertissement, au même titre que la publicité télévisée les exploite pour dépasser son cadre intrusif, ce qui fait qu’on la regarde et qu’on y investie toujours autant d’argent. Si cette dernière a souvent un objectif de vente, une fois encore la vidéo explicative sous toutes ces formes permet de jouer sur des terrains divers, de remplir des objectifs divers et variés.

en voici un bel exemple :

Fouad Bouchoucha, c’est trop puissant

Derrière ce nom se cache d’abords un collègue de l’école, un poto de la vie, un ami de longue date. On a squatté les ateliers de l’école des Beaux-Arts de Marseille ensemble en tâchant de nous ouvrir chacun aux pratiques et au non-pratiques de l’Art contemporain, pour développer des concepts et obtenir dans la foulée nos 2 diplômes.

Et voilà que là où je commence à nourrir de mon côté un différend avec les murs des galeries, avec le glissement contraint vers la concrétisation de nos concepts en des pièces uniques et vendables, Fouad m’annonce qu’il poursuit l’aventure avec un post-diplôme sur Lyon. Fouad veut devenir un artiste professionnel, ce qui représente alors pour moi à l’époque une contradiction, une aliénation.

Je me dis c’est un peu fou mais en même temps, il y avait 3 personnes à mon dipôme quand une trentaine assistait au sien, dont moi.

Le truc c’est que Fouad a des choses à dire et à faire valoir et s’il ne s’écarte pas du marché de l’Art contemporain, ou du marché contemporain de l’art, il le bouscule. Là ça devient intéressant la notion de bousculade dans l’Art, plus que celle de profession.

pdtokyo

Installation sonore sur le toit du Palais de Tokyo, Paris

Alors concernant les murs de la galerie, Fouad ne les utilisent pas trop, il s’en sert juste parfois comme un point de rendez-vous. Mais ensuite c’est toujours assez surprenant ; lui les murs il en fait des caisses de résonance à coup de marteau-piqueur pour nous rappeler le principe d’un membrane, la base de tout haut parleur, il n’y accroche rien car telle oeuvre est faite de glace et doit produire du son avant de fondre, ou alors il y fait rentrer des choses qui ne passent pas par la porte, une enceinte de 2m ou l’echo d’une explosion, ou bien il s’en passe et utilise comme base de travail des trous urbains ou encore des salles de théâtre.

Autre manie, il mobilise autour de ses projets des individus qui sont passionés souvent moins par l’art que par des disciplines techniques ou des collections. En tant qu’étudiant, il est déjà agréable de partir à la rencontre d’un monde professionnel ou d’une communauté en essayant de les intégrer dans une démarche artistique, cela remporte généralement beaucoup d’adhésion. Fouad entre encore dans ce processus d’échange qui lui permet d’obtenir des outils et de la connaissance en l’échange d’un sens nouveau à l’activité et au préoccupation de ses « invités ». Dans un certain sens il est beaucoup moins égocentrique, individualiste, qu’une plétorde d’artisite qui ont composés l’histoire de l’art ou simplement les couloirs de l’école, dont moi.

Une dernière chose qui se distingue dans le travail de Fouad, et là on est plus dans son propos que dans son processus de travail, c’est la présence d’ingrédients caractérisés par leur puissance, ou leur vitesse, ou leur volume, finalement une incarnation multiforme du paroxisme, qui conduit souvent à des représentations qui plaisent ou non. Pour ma part, elles m’interpellent toujours et chacune des nouvelles idées qui naissent de Fouad m’enthousiasment et je prends toujours un grand plaisir à en parler avec lui et à lui apporter mon aide quand il en a besoin.